lundi 5 juin 2017

Présentation

Présentation



© Patrick Pardini, vannerie Wayana, Amapá, Brésil, 1982


   Ces communications sont le fruit du colloque international organisé par l’Université de Poitiers, le MIMMOC et le CRLA, les 19, 20 et 21 mars 2014. La rencontre visait à mettre très concrètement en regard et en dialogue notre monde occidental et ceux des Amérindiens, autour du terrain des savoirs : savoir de l’autre, savoir sur l’autre et sur soi (à travers l’autre)…, sans préjuger de hiérarchies entre le rapport universitaire ou scientifique à la connaissance et la « pensée sauvage ».
   Une première série de textes, relevant plus directement des sciences sociales, a été publié dans les Cahiers du MIMMOC[1]. Nous publions ici le volet littéraire des débats, entendu au sens large. Par ses régimes de vérité, de temporalité et de valeurs propres, la littérature est tantôt un répertoire de représentations, tantôt un creuset de questionnements et de renversements. Le mouvement qui se dessine, de l’essai d’Adriana Cristina Crolla sur la littérature argentine du XIXe siècle aux analyses de romans contemporains (contributions de Joëlle Bonnevin pour l’aire étasunienne, de Rita Olivieri-Godet pour l’espace argentin, de Soraya Lani et de Cécile Sidery-Jacquey pour le domaine brésilien), montre que la fiction se veut désormais le terrain des ruptures ou des confrontations. D’un côté on forge un récit collectif, de l’autre on cherche à le déconstruire ou le brouiller, imposant par là même un rapport de lecture quasi anthropologique : le texte littéraire aspire à l’étrangeté, l’insoumission, l’« ensauvagement ».
   C’est ce même effort d’ajustement du regard, acceptant de réviser ses paradigmes, qui est à l’œuvre dans les réappropriations artistiques des enjeux de l’ethnopsychiatrie (Sophie Croisy) ou dans la révision de sources historiques réputées peu fiables, comme l’illustre Alexandrino de Souza avec le cas Thevet. Se dévoile alors une réalité bien différente des conventions, dans laquelle les cultures amérindiennes assument enfin un rôle actif, politique, et déplacent nos propres référents ontologiques, épistémologiques et cognitifs.
André Magord (MIMMOC) et Michel Riaudel (CRLA)










[1] André Magord et Michel Riaudel (dir.), « Amérindianités et savoirs : le regard des sciences humaines et sociales », dossier des Cahiers du Mimmoc (Mémoire(s), identité(s), marginalité(s) dans le monde occidental contemporain), n° 15, Université de Poitiers, 2015 : http://mimmoc.revues.org/2118

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire