lundi 5 juin 2017

Alexandrino de Souza – Les « roys du Promontoire des Cannibales »

Alexandrino de Souza, Université de Paraíba, Brésil


Les « roys du Promontoire des Cannibales »

André Thevet et la présence française 

dans le Nordeste brésilien (XVIe siècle)



Introduction


   Le but de cet article[1] est d’essayer de faire la lumière sur un pan encore mal connu de de l’histoire franco-brésilienne. De fait, en dépit des chroniques de l’époque, françaises et surtout portugaises, la présence française sur les côtes et l’arrière-pays du Nordeste brésilien, pendant la deuxième moitié du XVIe siècle, demeure quasiment inexplorée. Nous manquent peut-être les documents qui dissiperont l’épais brouillard enveloppant, croyons nous, un fascinant « théâtre du monde » fait d’étonnantes rencontres interculturelles et de gros intérêts nationaux, d’ambitions géopolitiques, d’enjeux commerciaux, de conflits militaires et, last but not least, de vanité et de supercheries littéraires. André Thevet, cosmographe des derniers Valois, est à cet égard emblématique de la prétendue littérature géographique d’alors, mue par une tenace volonté de réussir dans le grand monde social et scientifique.
   Et si, au lieu de seulement la dédaigner, nous faisions de son œuvre le levier permettant d’identifier certains des personnages ? De Thevet, et de lui seul, émanent plusieurs mentions d’un des deux chefs amérindiens supposés être des alliés importants des Français. Le cosmographe lui rend hommage en le faisant figurer, à côté de Quoniambebe, le redouble chef des ethnies des alentours de la baie de Rio de Janeiro, dans sa galerie des hommes illustres, bâtie à contre-courant des tendances de son temps.
   Nous rappellerons sa polémique carrière de cosmographe, ses méthodes téméraires de production intellectuelle, semblent trouver partiellement racines et explications dans le milieu provincial où il est né et a grandi : Angoulême et le couvent des Franciscains. Puis nous brosserons une synthèse de la présence française dans le Nordeste brésilien de la deuxième moitié du XVIe siècle, avant d’essayer d’identifier les « roys du Promontoire des Cannibales », sur la base de ressemblances orthographiques et phonétiques, et à partir des données dont on dispose sur les débuts des anciennes capitaineries de Paraíba et du Rio Grande du Nord, que les Français ont alors intensément fréquentés.


Splendeur et décadence d’un provincial parvenu


   « Tu seras journaliste ! comme la sorcière crie à Macbeth : Tu seras roi[2] ». Cette phrase des Illusions perdues de Balzac traduit le caractère obstiné du protagoniste du roman et son effort pour réussir dans la vie. Issu d’Angoulême, Lucien Chardon, monte à Paris pour tenter sa chance dans la capitale, fort du bon accueil réservé par la noblesse de province à ses poèmes. Plein d’ambition, il prend le nom de sa mère, de Rubempré, et s’introduit avec succès dans la presse et les milieux littéraires. Plus tard, il se fera écraser par les complexes et impitoyables rouages du grand monde, après s’être plié aux exigences que sa vanité lui dictait : il aura vendu à bon marché son talent et son âme, en ruinant au passage sa sœur et David, son beau-frère, imprimeur à Angoulême.
   Si l’on remplaçait « journaliste » par « cosmographe », on pourrait peut-être se faire une idée du parcours d’un autre Angoumoisin, trois siècles avant la fiction balzacienne. Car il n’y a pas là qu’une heureuse coïncidence géographique : le parcours de l’ambitieux Lucien de Rubempré ressemble, sur certains aspects, à celui, bien réel, d’André Thevet, sorti de la même Angoulême pour connaître plusieurs pays et contrées lointaines du monde et se fixer finalement à Paris, où il occupera un poste important, cosmographe officiel du royaume ; avant de tomber en disgrâce et de devenir la cible d’anciens collaborateurs animés d’un esprit de vengeance, la tête-de-Turc de protestants enragés et l’objet du mépris et de la risée de la communauté intellectuelle de son temps.
   D’humble origine, entré à l’âge de dix ans chez les Cordeliers, contre son gré semble-t-il, André Thevet (1516-1592) est devenu, bien des années après, cosmographe et garde du cabinet de curiosités des rois de France. Dès le début, il a bénéficié du soutien des grands, les La Rochefoucauld de son Angoulême natal, les Guise, et jusqu’aux Valois du Louvre. On connaît mal sa vie avant qu’il ne se lance, alors qu’il avait déjà atteint la trentaine, dans sa première aventure hors d’Europe. Avec le soutien financier du Cardinal de Lorraine (Charles de Guise), il a pu faire le pèlerinage en Terre Sainte. Parti de Venise en 1549, il parcourut une bonne partie du Proche Orient et de la Méditerranée (Slovénie, Croatie, îles grecques, Crète, Turquie, Égypte, Palestine, Syrie, Chypre, Corse, Sardaigne), avant de rentrer trois ans plus tard en France. Il publie le récit de ce voyage sous le titre : Cosmographie de Levant (Lyon, 1554 ; dorénavant CL[3]). Cette première échappée lui vaudra une place dans l’expédition que Nicolas Durand de Villegagnon organise au Brésil, en 1555, afin de fonder une colonie dans la baie de Guanabara, où se trouve aujourd’hui Rio de Janeiro. Thevet en était à la fois le curé et le cosmographe. Tombé malade (probablement de malaria), il n’y fait qu’un très court séjour, avant d’être rapatrié deux mois et demi après son arrivée. Cela ne l’empêche pourtant pas de publier deux ans plus tard Les Singularités de la France Antarctique (Paris, 1557 ; dorénavant SFA), récit du voyage, abrégé des coutumes des Tupinambá sis à Rio (ainsi que celles des Cannibales du nord-est) et sorte de catalogue des principales espèces d’animaux et de plantes du pays, avec gravures à l’appui.
   Comme il lui était virtuellement impossible de recueillir autant d’informations en si peu de temps, a fortiori malade, force est de conclure que la plupart des informations lui ont été transmises par des truchements et matelots qui fréquentaient le Brésil. L’ouvrage a un certain succès et est traduit en italien et en anglais. Commencent alors les ennuis pour Thevet, promu cosmographe officiel. Les SFA vont montrer les coulisses nauséabondes de son travail et jeter la suspicion sur la fidélité des informations dont il se prévaut au motif qu’il était allé sur place, qu’il a vu en autopsie (« voir de ses propres yeux ») les lieux qu’il décrit, leurs gens et coutumes, leur faune et flore, à la différence des Anciens et de certains voyageurs et pilotes modernes, voire des cosmographes de cabinet[4]. Bref, il dit avoir appris « sous la leçon des vents[5] ».
   Au début de sa carrière, un ancien collaborateur lui fait un procès en exigeant que son nom apparaisse également sur la couverture du livre : Mathurin Héret, médecin et helléniste confirmé, traducteur de plusieurs ouvrages, avait été engagé pour apporter une couche d’érudition qui faisait défaut au cordelier cosmographe. Thevet a finalement gain de cause, mais est obligé d’indemniser son « nègre littéraire » en argent et doit lui livrer une certaine quantité d’exemplaires[6].
   Quelques années plus tard, un autre ancien collaborateur devient à son tour un de ses ennemis acharnés. Son ancien compagnon au couvent d’Angoulême, François de Belleforest, devenu lui aussi cosmographe, était plus un ami, voire un disciple, qu’un simple auxiliaire. Cependant, dans l’Histoire des neuf Roys Charles, feuillet 639, Belleforest affirme être le véritable rédacteur de la Cosmographie de Levant[7]. Immédiatement, Thevet recourt auprès du Parlement de Paris pour que soit supprimé le feuillet, mais la nouvelle affaire produit encore de fâcheux effets. Martin Fumée, traducteur de l’Histoire Generalle des Indes Occidentales (Paris, 1568[8]), de l’Espagnol Francisco Lopez de Gomara, se fait l’écho, dans sa préface, des rumeurs courant sur la malhonnêteté intellectuelle, l’incompétence cosmographique et la fausseté idéologique de Thevet. Il va s’attaquer aux SFA, un livre farci de « bourdes non pas forgées par l’Autheur, mais par des mariniers, qui luy en comptaient ainsi ce qu’il recite[9] ». Tout le contraire de l’auteur espagnol, réputé pour la fidélité de ses informations, souligne le traducteur. Fumée dénonce la naïve crédulité de Thevet, qui aux chapitres 62 et 63 des SFA donne des nouvelles des Amazones comme si elles étaient réelles, alors que l’on savait déjà qu’il s’agissait d’une légende. Et il critique les coordonnées géographiques imprécises du chapitre 65 concernant le Traité de Tordesillas.
   Jean de Léry achève de mettre à bas la réputation déjà chancelante du cosmographe, en dénonçant vivement les mensonges de la Cosmographie Universelle (Paris, 1575 ; dorénavant CU), à commencer par l’imaginaire Henriville, une ville érigée par les colons de la France Antarctique sur les rivages de la baie de Guanabara, selon Thevet[10]. Léry l’accuse de « mentir cosmographiquement ». Les propos offensant de Thevet envers la conduite des protestants de la France Antarctique, au rang desquels se trouve Léry, ont suscité une réaction en bloc des calvinistes français établis à Genève. Cette action concertée était favorisée par le contexte politique, la vacance du trône portugais, après la mort de Dom Sebastião en 1578, et les incertitudes qui en découlent quant au sort du Brésil. La France se mêle à l’imbroglio de la succession, en soutenant D. António, prieur du Crato dont la légitimité est contestée par Philippe II. Le roi d’Espagne finit par remporter la dispute, en 1580. À l’Histoire d’un voyage faict en la terre de Bresil (1578), de Jean de Léry, s’ajoutent d’autres titres « protestants », parus à Genève, comme l’Histoire nouvelle du Nouveau Monde, de l’italien Girolamo Benzoni, traduite et commentée par Urbain Chauveton, qui comprend en appendice le Discours de Nicolas Le Challeux sur le massacre des protestants français par les Espagnols en Floride, en 1565. C’est aussi l’époque où est publiée la Très brève relation de la destruction des Indes, de Bartolomé de Las Casas, traduite par Jacques de Miggrode (1579), Les Trois Mondes de La Popelinière (1582) et, entre 1591 et 1596, les images des Grands Voyages, de l’éditeur huguenot Théodore de Bry (d’après les récits de Jacques Le Moyne des Morgues, pour la Floride, de Hans Staden et de Jean de Léry, pour le Brésil, et de Benzoni via Chauveton, pour l’Amérique espagnole[11]).
   Avec l’avalanche de critiques contre sa Cosmographie Universelle, Thevet n’aura pas seulement contre lui un groupe de protestants genevois enragés, mais bien aussi l’Europe des doctes[12]. Cela ne l’a pas empêché de garder son poste de cosmographe officiel. Dans le dernier ouvrage paru de son vivant, Les Vrais Pourtraits et Vies des Hommes Illustres (Paris, 1585 ; dorénavant HI), il essaie de réagir en s’en prenant surtout à Léry et à Chauveton. Infatigable, le cordelier défroqué (il quitte l’ordre peu après son retour du Brésil, en 1558) laissera deux ouvrages encyclopédiques en chantier. Ils montrent, pour reprendre le langage évangélique et humaniste de l’époque, son amour de lui-même (philautie) et sa démesure (hybris) : l’Histoire d’André Thevet Angoumoisin, Cosmographe du Roy, de deux voyages par luy faits aux Indes Australes et Occidentales[13] (dorénavant H2V), une réécriture des SFA, dont nous parlerons plus loin ; et Le Grand Insulaire et Pilotage (avec des centaines de plans d’îles, y compris la controversée « Île de Thevet », au Brésil[14]).
   En 1580, quand Montaigne publie ses Essais, la mauvaise réputation de Thevet était à son comble, suite aux attaques de Léry deux ans auparavant. Dans « Des Cannibales » (I, 31), le Bordelais le vise implicitement :
   Pour avoir vu la Palestine, [les cosmographes] veulent jouir de ce privilege de nous conter nouvelles de tout le demeurant du monde. Je voudroy que chacun escrivit ce qu’il sçait, et autant qu’il en sçait, non en cela seulement, mais en tous autres subjects. […] De ce vice sourdent plusieurs grandes incommoditez[15].
   L’opinion défavorable sur Thevet reste tenace, plus de quatre siècles après sa disparition, comme l’illustrent ces propos de l’écrivain et journaliste français Gilles Lapouge :
   C’est un malhonnête. […] Comme géographe, un zéro. Ses portulans sont d’un aveugle. […] L’infâme cordelier, s’il dessine à l’estime et s’il fait une géographie d’arracheur de dents, c’est pour soutenir son ambition qui est exagérée. […] Ce moine est une infection. […] Je le vois comme un halluciné. […] C’est un ogre[16].
   Malgré tous ses défauts, l’œuvre de Thevet reste pourtant « un ensemble d’informations et de documents sans équivalent au XVIe siècle[17] ». Nulle part ailleurs, dans le cadre de la littérature apodémique et cosmographique sur le Brésil du XVIe siècle, on ne trouve de références aux deux chefs cannibales du nord-est. Dans la Cosmographie Universelle, il parle pour la première fois d’un « roy du Promontoire des Cannibales », c’est-à-dire le Cap de Saint Augustin, au Pernambouc, dont il donne les coordonnés géographiques à peu près exactes[18]. Il s’agit de Tarizich[19]. Plus tard, dans HI, il remplace ce personnage par un autre, lui aussi censé être le « roy » de ce lieu : Nacolabsou[20]. Outre ces chefs cannibales, Thevet a fait entrer six autres Amérindiens dans sa galerie des hommes illustres. Dans l’aire brésilienne, il ajoute Quoniambebe[21], « le plus craint et redouté qui soit en tout le pays[22] » ; au Pérou, Atabalipa[23] ; au Mexique, Motzume (Montezuma[24]) ; à l’extrême-sud du continent (l’Argentine et le Chili actuels), Paracoussi, « roy de La Platte[25] » ; en Amérique du Nord, Paraousti Satouriona, « roy de la Floride[26] ». Thevet ne fait pas de place aux Indiens du Canada. Il consacre pourtant quelques chapitres des SFA à ce pays, qu’il déclare avoir connu sur le voyage de retour ; il y parle d’un « seigneur » canadien nommé Donacoua Aguanna, qui serait mort en France « bon chrétien, parlant français[27] ». On ignore les raisons qui ont poussé Thevet à exclure les « rois » du Canada de sa liste. Il reste que ces innovations prosopographiques méritent qu’on y regarde de plus près.


Innovations prosopographiques


   Espèce de biographie à l’ancienne, dont l’étymologie signifie « description d’un personnage », la prosopographie était un genre littéraire à la mode au XVIe siècle, notamment depuis que Jacques Amyot avait traduit Les Vies des Hommes illustres, de Plutarque[28]. Elle réunissait des récits biographiques sur des hommes morts depuis longtemps qui s’étaient distingués à la guerre, dans la politique, la religion, les arts etc. Leurs exploits leur valaient une place dans la galerie des bienfaiteurs de l’humanité, en tant que modèles à imiter.
   D’autres prosopographies ont précédé celle de Thevet, comme le Promptuaire des medalles des plus renommées personnes, publié par le libraire Guillaume Rouillé (Lyon, 1553), avec un recueil d’effigies couvrant l’histoire de l’humanité depuis Adam et Ève. Dans sa préface, Rouillé dit qu’il s’agit d’une œuvre « profitable en vertueux exemples ». L’historien italien Paul Jove a publié une prosopographie d’hommes de lettres illustres (Elogia virorum litteris illustrium, 1546), traduite en français en 1559[29]. Et on doit à un certain Antoine du Verdier, une Prosopographie, ou description des personnes insignes, avec un sonnet liminaire de François de Belleforest (Lyon, chez Antoine Gryphius, 1573).
   Après les attaques de Léry et de Chauveton, la cabale protestante se poursuit à travers justement une prosopographie, destinée à évoquer non seulement les martyrs de la Religion réformée, mais aussi tous ceux qui auraient contribué, catholiques compris, de quelque façon à son épanouissement et triomphe : monarques, magistrats, lettrés, seigneurs[30] etc. En 1580, Théodore de Bèze publie ainsi à Genève Les Vrais Pourtraits des hommes illustres en pieté et doctrine, du travail desquels Dieu s’est servi en ces derniers temps, pour remettre sus la vraye Religion en divers pays de la Chrestienté. Le livre se voulait clairement un outil de propagande protestante, pour « l’édification d’une contre-culture que conduisait alors la Réforme[31] ». Quatre ans plus tard, Thevet publie sa prosopographie, au titre très ressemblant : Les Vrais Pourtraits et Vies des Hommes Illustres, Grecz, Latins, et Payens, recueilliz de leurs tableaux, Livres, Medalles antiques, et Modernes.
   Comme il l’annonce lui-même, Thevet introduit une nouveauté dans ce genre littéraire, en y incluant des Amérindiens, des Turcs, Africains etc. Sa galerie d’hommes illustres fait cohabiter hommes vertueux et ceux dont le souvenir, sans être édifiant, mérite quand même mention à cause des actions d’éclat accomplies, dignes d’être immortalisées. Dans la préface dédiée à Henri III, il justifie sa prosopographie en avançant qu’elle manquait à sa carrière de cosmographe. Il dit avoir travaillé depuis longtemps sur ce projet et y avoir investi des ressources personnelles. Selon un de ses biographes, l’autre originalité de Thevet est d’avoir ouvert sa galerie « d’hommes célèbres » à ses contemporains, dont certains étaient morts récemment comme le chancelier Michel de L’Hospital[32]. Sous sa plume, le terme « illustre » prend un sens plus large et devient synonyme d’extraordinaire:
À la rigueur si on vouloit examiner le mot d’Illustre, & la contre mire, que je fais des uns aux autres, aucuns se pourroyent se sentir mal edifiés, que sous mesmes enseigne je fais marcher & les gens de bien & ceux, qui onques ne valurent que bien peu : Ou bien que je veuille illustrer du lustre & dignité d’Illustre ceux, la memoire desquels merite d’estre engloutie és enfers d’oubliance. […] Et quant à la generalité du mot d’Illustre, je n’entens en user à autre sens, qu’en tant qu’universellement il signifie & represente toute personne. Qui est renommée par quelque fait que ce soit, soit bon ou mauvais[33]
   Le portrait de Nacolabsou s’ouvre ainsi par une réflexion morale sur la nature humaine. L’homme, dit-il, surpasse tous les êtres en cruauté, y compris les fauves. Le « roy du Promontoire des Cannibales » en apparaît comme une illustration « américaine », la cruauté étant le trait du chef indien qui retient le plus l’attention :
Ceux qui ont prins plaisir de fureter les causes des guerres […], quand ils liront l’histoire de Nacol-absou, faudra bien, qu’ils changent de notte, & montent plus haut, recognoissans que telle rancune provient de la depravation du naturel humain, qui a emprainct dans nos cœurs ces brandonnés boutefeux, qui les embrasent à discords noises & dissensions[34]
   Comme l’ont bien dit Jean-Claude Laborie et Frank Lestringant, « Thevet a le mérite, qui n’appartient qu’à lui, d’ériger les peuples du Nouveau Monde, et surtout leurs chefs, à la dignité de ceux de l’Antiquité[35] ».


Les Français dans le Nordeste dans la deuxième moitié du XVIe siècle


   En l’absence de recherches systématiques, cette page de l’histoire franco-brésilienne reste à écrire. L’historien brésilien Hélio Galvão, auteur d’une remarquable étude sur la forteresse des Rois Mages, à l’embouchure du fleuve Potengi (sur le site de l’actuelle ville de Natal, dans le Rio Grande do Norte), écrit à ce propos :
   Il reste à écrire le chapitre initial, de l’occupation par les Français, de leurs premiers et effectifs contacts avec la population indigène, de l’intense commerce qu’ont développé les ports qu’ils ont fréquentés, les résidus culturels qu’ils ont laissés, la tradition de peuplement qu’ils ont établie, le secret des relations cordiales et pacifiques qu’ils ont su nouer avec les Potiguara. C’est pourquoi notre histoire commence au deuxième chapitre, et laisse derrière elle, sous silence, une longue période inexplorée[36].
   Il faudrait faire remonter l’intérêt de la France pour l’Amérique à l’ironique répartie attribuée à François Ier, selon laquelle il demandait à voir le testament d’Adam accordant l’exclusivité des droits sur le nouveau continent à l’Espagne et au Portugal. Après l’échec de la Nouvelle France de Jacques Cartier[37] au Canada (1534-1542), l’intérêt de la couronne française pour le Nouveau Monde allait se déplacer sous Henri II vers le Brésil. Là, un autre personnage controversé, mélange d’érudit et d’homme de mer, le vice-amiral de Bretagne Nicolas Durand de Villegagnon, essaya sans succès de fonder une autre colonie ultramarine, la France Antarctique.
   Après l’échec de l’entreprise et l’expulsion des Français du Fort Coligny par les troupes de Mem de Sá, des rescapés ont dû se réfugier au Nordeste, probablement sans autre projet que le commerce du bois-brésil et des produits exotiques, chèrement négociés en métropole. Ce trafic clandestin, dont la Normandie a été le principal foyer, est attesté depuis la première moitié du siècle ; il a été tacitement stimulé par la couronne française, en dépit des lois qu’elle promulguait pour donner le change à la couronne portugaise[38].
   Bien que Thevet prétende s’être rendu deux fois au Brésil, une première fois avec le pilote et cosmographe dieppois Guillaume Le Testu[39], seul est attesté le voyage avec Villegagnon, en 1555. Il est probable que le navire commandé par Bois-Le-Comte, neveu de Villegagnon, se soit arrêté, au retour vers la France, à proximité du Cap de Saint-Augustin, le « Promontoire des Cannibales », à cause du mauvais temps ou pour se ravitailler. Dans les SFA, il consacre quelques chapitres à cette région du Nordeste, sans encore mentionner de noms de caciques.
   Les informations sur ces « principaux » (chefs amérindiens) lui ont probablement été transmises par des diverses sources, dont des gens d’équipage laissés sur place pour apprendre le tupi et faciliter ensuite commerce et diplomatie. À l’époque de la parution de HI, l’activité française dans le Nordeste battait son plein, comme en témoigne le Sumário das armadas, le récit anonyme d’un jésuite rapportant la conquête de la Paraíba par les Portugais, opposés aux Français[40]. Sur ce sujet, la principale source d’informations est vraisemblablement un texte de Thevet jamais publié de son vivant : l’Histoire d’André Thevet Angoumoisin, cosmographe du Roy, de deux voyages par luy faits aux Indes Australes, et Occidentales[41] (dorénavant H2V), écrite vers 1585[42]. Comme nous l’avons signalé, il s’agit de la réécriture des Singularités, à laquelle le cosmographe a ajouté cinq chapitres inédits censés décrire toute la côte du Nordeste, du Maranhão au Pernambouc, c’est-à-dire le Cap de Saint-Augustin, ainsi qu’un chapitre consacré à la rivière Saint-Dominique et son estuaire, l’actuel fleuve Paraíba (chap. 15). Cependant, la plus remarquable de ces nouveautés sont les trois chapitres sur l’arrière-pays, le sertão, où les Français ont pénétré en quête de richesses minérales, cette région étant parsemée de montagnes (chapitres 16 à 18). Bien que Thevet en fasse une description très vivante, pleine de détails, y compris les noms indiens des principales montagnes censées receler de l’or, de l’argent et des pierres précieuses, il s’agit très probablement d’un faux, car il n’est jamais allé deux fois au Brésil. Il n’existe de fait aucune preuve d’un supposé premier voyage.
   On aurait toutefois tort de croire que l’imposture ôte toute valeur à ce récit. Bien au contraire, les informations qu’il contient lui ont été transmises par son réseau d’informateurs, pilotes, cartographes, armateurs et gens d’équipage. Rappelons que d’importants documents sont passés par les mains du cosmographe du roi de France, tel le Codex Mendoza, sorte de somme des coutumes et lois des Aztèques, dont les Français s’étaient emparés lors de la prise d’un galion espagnol en provenance du Mexico[43]. C’est aussi le cas de l’Histoire notable de la Floride, « ce témoignage capital sur l’établissement de la Floride huguenote[44] », un manuscrit que le géographe anglais Richard Haklyut parvint à emprunter à Thevet et qu’il finit par publier en son nom, en 1586.
   Il faut ajouter au récit de Thevet un autre document attestant de la présence française au Nordeste : le portulan de Jacques de Vau de Claye, un cartographe de ladite École de Dieppe. Ses cartes et portulans, dus à Jean Roze, Guillaume Le Testu, Nicolas Valland, Nicolas Desliens et Pierre Desceliers, ont fait date à cause de leur haute qualité technique et artistique[45]. Semble-t-il envoyé au Brésil en mission secrète, Vau de Claye a produit deux portulans en 1579 : l’un du Nordeste, qui va du Maranhão à l’actuel Sergipe ; et l’autre de Rio de Janeiro et de Cabo Frio. Le premier aurait également servi de source d’information à Thevet. Très réussi du point de vue cartographique, il contient des dessins, des notes marginales avec des informations pratiques, dont le nombre de guerriers amérindiens disponibles par tribus alliées du littoral et du sertão[46]. Ces portulans ont été vraisemblablement commandés par la couronne française, aiguillonnée par Catherine de Médicis. Depuis la mort de dom Sebastião en 1578, une crise de succession s’était en effet ouverte, opposant le tout puissant roi d’Espagne Philippe II et le prétendu héritier naturel, le Portugais D. António, le Prieur du Crato. Dans ce contexte, le Brésil aurait été promis aux Français en échange de leur soutien militaire contre les prétentions (finalement victorieuses) de l’Espagnol[47]. Le portulan de Vau de Claye porte les armes de Philippe Strozzi, le cousin de Catherine de Médicis, dont la flotte sera écrasée le 26 juillet 1582 à l’île Terceira, aux Açores. Strozzi, lui, sera tué par le marquis de Santa Cruz, mettant fin au projet français de s’emparer du Brésil.
   Parmi les sources de Thevet, il faut peut-être également citer un Français établi au Rio Grande (du Nord) : un certain Jean Lostau. Il est originaire de Navarre, fief des Bourbon et terre d’Henri de Navarre, le futur Henri IV (1589-1610). On ignore comment Lostau est arrivé dans la capitainerie. S’agit-il d’un prisonnier français adopté par les Portugais pour ses connaissances en matière de pêche, une tradition navarraise ? Ou d’un rescapé, voire d’un déserteur ? Quoi qu’il en soit, on trouve de ses nouvelles dans un curieux document de 1628, semble-t-il produit chez un notaire, et qui contient des informations fournies par des Amérindiens brésiliens emmenés en Hollande. Ils y dressent la liste des endroits les plus importants du Rio Grande, de la Paraíba et du Ceará[48]. Dans la première capitainerie, déclarent-ils, « il y a un Français, Juão Oroutau, qui exerce la pêche et envoie le poisson aux Portugais habitant à Pernambouc qui viennent le chercher à bord de navires[49] ». L’endroit où habitait ce Français apparaît aussi, sous le nom de Juão Lostão, sur une carte hollandaise de la Paraíba et du Rio Grande, réalisée par Margraff et Goliath en 1646[50]. Il est également cité par le Memorial de todos os estrangeiros que vivem nas capitanias do Rio Grande, Paraíba, Tamaracá, Pernambuco e Bahia, dos quais se não pode ter suspeita, écrit par Dom Luis de Sousa:
João Lostao, résidant dans la capitainerie du Rio Grande, vieux déjà, est sous la juridiction de la capitainerie. […] Il s’est déclaré de la nation navarre, et donc se considère Français ; il vit dans cette capitainerie depuis qu’elle a été conquise ; il a des plantations. Il habite sur la plage, où il pêche à l’aide d’un filet ; je ne l’ai pas obligé à se retirer dans le sertão, compte tenu de l’information que m’ont donnée les pères de la Compagnie [de Jésus] au sujet de sa grande fidélité, d’homme mûr, et de ceux du gouvernement de la capitainerie[51].
   S’il était déjà vieux en 1618, au moment de la rédaction de ce mémorial, il est possible que ce Français ait été contemporain de la présence assidue de ses compatriotes dans l’estuaire du fleuve Paraíba et du Potengi, plus au nord. Il existe des indices indiquant que les ruines, près de la rivière et de la plage de Pirangi, peuvent être celles de l’entrepôt où Jean Lostau gardait le poisson qui ravitaillait des villes comme Olinda et Recife[52]. Or le premier « roy du Promontoire des Cannibales » cité par la Cosmographie universelle de Thevet, en 1575, habitait la région même de Lostau. Cette partie du littoral du Rio Grande (du Nord) concentrait nombre de tribus amérindiennes et semble avoir été une espèce de carrefour où les Tapuia venus du sertão[53] côtoyaient les Tupi établis sur place.


Tarizich, roi des rivages de la Trairi ?



   

Figure 1. André Thevet, Portrait de Tarizich, « roy du Promontoire des Cannibales », La Cosmographie Universelle (1575), t. II. p. 955 (v°). Photo : Alexandrino de Souza, à partir de l’exemplaire de la Bibliothèque Municipale de Rouen.

  Jean Lostau habitait près de « Tareyrich, une petite rivière[54] » qui se déverse dans le lac Papari, lequel se jette dans un lac plus grand, le Guaraíra, séparé de l’océan par un isthme. À cette époque-là, il n’y avait pas de liaison directe entre ce lac et la mer. Ce n’est qu’en 1923 que des travaux ont fini par les relier, un projet existait déjà sous les Hollandais[55]. Aujourd’hui l’embouchure du lac abrite la ville de Tibau do Sul. Autour de ce lac habitaient de nombreuses tribus tupi, avec lesquelles les Français entretenaient des relations politiques et commerciales. Au lendemain de la guerre contre les Hollandais, qui ont occupé le Nordeste vingt-quatre ans, de 1630 à 1654, ces tribus ont été regroupées en villages, les « aldeias », contrôlés par différents ordres religieux dont les Jésuites et les Franciscains. Quelques-unes de ces aldées sont devenues aujourd’hui des villes du Rio Grande do Norte : Nísia Floresta, Vila-Flor, Arês, Goianinha[56]

   Les similitudes orthographiques et phonétiques avec le chef cannibale mentionné par Thevet, combinées aux informations et témoignages historiques concernant ce territoire, rendent vraisemblable l’hypothèse selon laquelle Tarizich serait le nom du cacique vivant près de la rivière Trairi et du lac Guaraíra. Voici ce que Thevet dit de lui :
Ceux icy [les Sauvages] les portent longues comme chandelles [des pierres aux joues], en la façon que verrez tournant ce fueillet, au pourtrait d’vn Roy nommé Tarizich, que ie vous ay bien voulu representer : lequel nous apporta des viures de trois lieuës loing, ayant mouillé l’Ancre en ceste coste, pour le vent contraire que nous auions.Et estoient tous ceux de sa suitte equippez comme luy : auquel nous ne nous voulusmes fier, encor qu’ils nous monstrast grand signe d’amitié, que premierement il ne nous eust baillé ses deux fils pour ostages : & pour recompense nous luy dõnasmes vne robe verte, qui ne luy passoit les fesses, vn chapeau de mesme couleur, vne espee, & quelques serpes. Et à ceux de sa suite, des hameçons pour prendre du poisson, lesquels nous rendismes par ce moyen si contens que nostre depart leur estoit ennuiuex, & eussent bien voulu que nous eussions là fait pus lõg seiour[57].


Nacolabsou, Iniguaçu ?



   

Figure 2. André Thevet, Portrait de Nacolabsou, « roy du Promontoire des Cannibales », Les Vrais Pourtraits et Vies des Hommes Illustres (1584), p. 650 (r°). Photo : Alexandrino de Souza, à partir de l’exemplaire de la Bibliothèque Municipale de Rouen

   Le second « roy du Promontoire des Cannibales » semble plus facile à identifier. Est attestée l’existence d’un chef potiguara, une ethnie habitant le littoral et les mon­tagnes de Copaóba (aujour­d’hui Planalto ou Serra da Borborema). Iniguaçu (grand hamac, en tupi[58]) est à l’ori­gine de la réaction portugaise contre l’alliance franco-tupi qui a abouti à l’expulsion en définitive des Français de la région et à la fondation, en 1585, de Nossa Senhora das Neves, une ville sur l’estuaire (aujourd’hui João Pessoa, capitale de l’état de Paraíba).

   En 1574, Iniguaçu participe au massacre de Tracunhaém. Les chroniqueurs portugais, dont Gabriel Soares de Sousa, Frei Vicente do Salvador et le jésuite anonyme auteur du Sumário das armadas, racontent que sa fille aurait été enlevée par un mameluco (métis d’Amérindien et d’Européen) habitant Olinda. Il aurait profité de l’absence du Principal pour s’enfuir avec elle, après avoir circonvenu les Indiens avec d’apparentes bonnes intentions. Dès son retour, Iniguaçu envoie deux de ses fils en quête leur sœur. À Olinda, ils portent plainte auprès du responsable politique, puis ramènent, avec le consentement du gouverneur-général du Brésil António de Salema, la jeune fille dans les montagnes. Sur le chemin de retour, ils s’arrêtent chez un certain Diogo Dias, riche propriétaire foncier dont l’engenho (usine à sucre) bordait le fleuve Tracunhaém, entre les capitaineries de Paraíba et du Pernambouc. L’hôte veut à son tour garder l’Indienne auprès de lui et fait, semble-t-il, renvoyer ses frères, ce qui déclenche la vengeance d’Iniguaçu : la propriété de Dias est rasée et ses habitants massacrés. Les Français auraient, en outre, attisé la rage des Amérindiens et leur auraient appris l’usage des armes à feu[59].
   Dès que la nouvelle de l’hécatombe arrive au Portugal, le roi dom Sebastião déploie les moyens nécessaires pour coloniser la Paraíba, chasser les Français et pacifier les Indiens. Cette reprise en main mettra onze années à se concrétiser, les Portugais se heurtant aux difficultés du climat ou à l’hostilité des Potiguara. Entre temps, le Portugal passe sous domination espagnole (1580). Le navigateur espagnol Diego Flores de Valdéz est envoyé à la Paraíba pour fonder une ville. Sur place, il doit partager le pouvoir avec le Portugais Frutuoso Barbosa, un entrepreneur qui avait reçu le droit d’exploiter économiquement la région. Contre l’avis de Barbosa, Valdez fait construire une forteresse dans l’estuaire du Paraíba, près d’un petit cours d’eau appelé Marés. Fondé le 1er mai 1584, l’endroit est baptisé Saint-Philippe-et-Saint-Jacques, c’est aujourd’hui le Forte Velho (Vieux Fort). Il est rapidement attaqué par des Amérindiens qui y commettent un nouveau massacre. Or les commentaires de Thevet attribuent au chef Nacolabsou l’attaque contre une forteresse espagnole située au bord d’un ruisseau ; il y aurait d’ailleurs été tué par un coup de feu :
[…] comme il anheloit à tousiours gripper quelque chose d’autruy, voulut se saisir d’un fort qu’avoyent faict certains Espaignols au bord d’une petite rivière d’eau douce, mais il ne se sçeut si bien donner garde qu’apres avoir tué beaucoup des assiegés, il ne receut un coup de fauconneau si à droict tiré, qu’il n’eut rien de plus hastif que de chercher le lendemain de la Toussainctz[60].
   L’assaut aurait eu lieu vers mai-juin 1584, soit environ deux mois avant sa dédicace au roi Henri III, datée du 1er août. On peut imaginer que Thevet, suivant de près les événements survenant au Brésil, notamment dans la Paraíba où se concentraient les intérêts français, ait reçu des nouvelles de dernière minute, insérées juste avant de remettre le manuscrit à l’éditeur.
   Outre l’arrière-plan historique qui relie Iniguaçu et les Français, ajoutons la ressemblance orthographique et phonétique entre Iniguaçu, le nom des chroniqueurs, et Nacolabsou, le nom retenu par Thevet : absou est l’équivalent de açu, qui joue comme suffixe augmentatif en tupi.
   En faisant entrer ce chef potiguara dans la galerie des hommes illustres, Thevet témoigne de son importance pour les Français commerçant ou combattant dans le Nordeste du XVIe siècle, sa loyauté rédimant en quelque sorte la sauvagerie que le cosmographe lui attribue.

Conclusion

   Ces hypothèses sur l’identité des « roys du Promontoire des Cannibales » ne sont qu’un jalon appelant d’autres recherches. Outre les convergences constatées, elles se fondent sur une réappréciation de Thevet et du réseau d’informateurs lié à son prestige et aux privilèges que son poste de cosmographe du roi de France lui a procurés. Elles sous-entendent aussi une forte présence française dans le Nordeste durant la deuxième moitié du XVIe siècle, une histoire encore à écrire. Bien que Thevet ne l’ait jamais explorée en autopsie, de visu, contrairement à ce qu’il déclare d’un son (faux) récit de voyage, les informations qu’il fournit méritent d’être prises au sérieux et recoupées.
   En intégrant deux chefs « Brésiliens » dans sa galerie des hommes illustres, Quoniambebe et Nacolabsou, Thevet a par ailleurs innové. Son arrivisme et sa mythomanie peuvent s’expliquer par son humble origine, qui lui fait sacrifier la vérité scientifique et l’honnêteté intellectuelle sur l’autel de ses ambitions. Pourtant son œuvre n’est pas à rejeter en bloc et mérite au contraire d’être réévaluée, non sans un sévère contrôle et effort de précision historique.


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[1] Une première version de ce texte a été présentée au colloque « Amérindianités et savoirs », sous le titre de « Hypothèses d’identification des “rois” cannibales : enjeux politiques et changements épistémologiques chez André Thevet ».
[2] Honoré de Balzac, Illusions perdues, Paris, Le livre de poche, 1983, édition présentée et commentée par Maurice Ménard, p. 287.
[3] Pour alléger le texte et éviter les répétitions de titres, parfois assez longs, nous adoptons la procédure des meilleurs spécialistes. Néanmoins, pour une meilleure lisibilité, nous citerons parfois in extenso les titres de Thevet dans le corps du texte.
[4] Avant de donner les coordonnées géographiques du Promontoire des Cannibales, Thevet fait cette remarque à propos des prétendues fautes d’autres cosmographes : « j’en ay arpenté & vu la plus part, pour en pouvoir parler sans mesconte et faulte quelconque. Je sçay bien, que les marqueurs des Cartes font des faultes assez lourdes, mais je l’ay monstré si souvent, que je pense que le Lecteur s’arrestera plus au recit de ceux qui ont veu les pays estranges, que a la peinture de chacun, qui en suyvant la trace des bons Pilotes, s’enhardissent à corrompre ce qui est bien fait par le peu qu’ils ont de cognoissance ». La Cosmographie Universelle, t. II, p. 925.
[5] Cf. Frank Lestringant, Sous la leçon des vents. Le monde d’André Thevet, cosmographe de la Renaissance.
[6] Voir Frank Lestringant, André Thevet, cosmographe des derniers Valois, p. 100-104.
[7] « Or jaçoit que j’aye tres-amplement discouru de ceste Isle [= Malte] en une Cosmographie par moy faicte à la requeste d’André Thevet, de laquelle//s’il se dit autheur, chacun sera adverty, que le nom et l’honneur m’en seroit dérobbé, qui y ay employé mon temps et mon estude et recollection des bons autheurs pour l’ornement d’un si grand oeuvre ». Apud Lestringant, op. cit., p. 167-168, note 53. Lestringant ajoute que Belleforest écrivait à propos de la Cosmographie universelle, l’ouvrage que Thevet préparait et qui ne sortirait que quelques années plus tard, en 1575. Mais à l’époque de la dénonciation, la seule cosmographie publiée par Thevet était celle de son pèlerinage en Terre Sainte.
[8] Une des principales sources sur les coutumes des Amérindiens, largement mise à profit par les Essais, notamment l’« Apologie de Raymond Sebond » (I, 31) et « Des coches » (III, 6). C’est peut-être par ce livre que Montaigne prend d’abord connaissance de la mauvaise réputation de Thevet, avant de la confirmer après coup chez Jean de Léry, si l’on admet l’hypothèse selon laquelle il a bien lu l’Histoire du cordonnier rescapé d’une « saison au Brésil », selon l’heureuse expression de Frank Lestringant (André Thevet, cosmographe des derniers Valois, p. 90-100).
[9] Apud F. Lestringant, idem, p. 171.
[10] La ville de Rio de Janeiro ne sera effectivement fondée, par Estácio de Sá, qu’en 1565, après l’extinction de la France Antarctique et l’expulsion des Français du Fort Coligny par Mem de Sá, l’oncle d’Estácio, en 1560.
[11] F. Lestringant, Le Huguenot et le Sauvage, p. 311-312.
[12] En outre, Thevet prétendait avoir découvert, sur l’île de Lezante, en Méditerranée, le tombeau de Cicéron, sur la foi des initiales M.T.C. d’une inscription funéraire, qu’il interprète comme étant celles de Marius Tullius Cicero, au grand scandale des érudits de l’époque. Voir F. Lestringant, André Thevet, cosmographe des derniers Valois, p. 170-172.
[13] Voir édition critique par Jean-Claude Laborie et Frank Lestringant.
[14] Voir gravure n° 11 de l’édition Laborie-Lestringant de l’H2V.
[15] Michel de Montaigne, Les Essais, I, 31, p. 205.
[16] Gilles Lapouge, Équinoxiales, p. 50-56, passim, Paris, Le Livre de Poche, 1977.
[17] Cf. F. Lestringant, Le Huguenot et le Sauvage, p. 40.
[18] « 340 degrés, 0 minutes de longitude, 9 degrés, 0 minutes de latitude ». La Cosmographie Universelle, p. 925. Les coordonnées exactes sont : latitude : 8º’17, longitude : 35º’0.
[19] CU, p. 955 (r°). Ce chef cannibale a par la suite été cité par Ulisse Aldrovandi, dans l’Historia monstrorum (1642), et Ferdinand Denis, dans un article du Magasin pittoresque (Paris, 1850, 18e année, direction d’Édouard Charton) : www.google.com/books (consulté le 26/05/2014). 
[20] HI, ch. 145, p. 650-651 (r°/v°). 
[21] Idem, ch. 149, p. 661-662 (r°/v°).
[22] SFA (éd. Lestringant), p. 206. Dans CU, Thevet publie une gravure de Quoniambebe qui porte sur les épaules deux couleuvrines, pour représenter sa puissance physique. Jean de Léry critique une fois encore l’invraisemblance des informations fournies par Thevet : voir Histoire d’un voyage…, édition Lestringant, p. 92.
[23] HI, ch. 141, p. 641-643 (r°/v°).
[24] Idem, ch. 142, p. 644-649 (r°/v°).
[25] Idem, ch. 147, p. 656 (r°/v°). 
[26] Idem, ch. 150, p. 663-664 (r°/v°).
[27] SFA, p. 283, à l’appel de la note 3, p. 399. Thevet est le seul à fournir ce détail, repris dans CU, selon Lestringant, qui précise qu’il s’agit de Donnacona, le chef de Stadaconé-Québec (ayant accueilli Jacques Cartier lors de son voyage de 1535). 
[28] Voir édition établie et annoté par Gérard Walter, pour la « Bibliothèque de la Pléiade ». On connaît l’admiration de Montaigne pour Plutarque, « un philosophe qui nous apprend la vertu », dit-il dans sa « Defense de Seneque et de Plutarque » (Essais, II, 32, p. 726).
[29] Jean Adhémar, « André Thevet, collectionneur de portraits », in Revue archéologique, 6e série, t. XX, p. 46.
[30] Voir F. Lestringant, Sous la leçon des vents, p. 69-81.
[31] F. Lestringant, ibid., p. 70.
[32] Jean Adhémar, op. cit., p. 46.
[33] HI, « Au benevole Lecteur ».
[34] Ibid., p. 650 (vº).
[35] Cf. « Introduction » de J.-C. Laborie et F. Lestringant à leur édition critique de H2V, p. 21.
[36] “Está por escrever-se o capítulo inicial, o da ocupação pelos franceses, os seus primeiros e positivos contatos com a população indígena, o intenso comércio que desenvolveram os portos que frequentaram, os resíduos culturais que deixaram, a tradição de povoamento que fixaram, o segredo das relações amistosas e pacíficas que souberam manter com os potiguares. Assim, nossa História começa no segundo capítulo, deixando para trás, em silêncio, longo e inexplorado período », História da Fortaleza da Barra do Rio Grande, p. 25-26.
[37] Voir Jacques Cartier, Voyages en Nouvelle-France.
[38] Voir Michael Wintroub, Savage Mirror. Power, Identity, and Knowledge in Early Modern France.
[39] Voir Guillaume Le Testu, La Cosmographie Universelle, selon les navigateurs tant anciens que modernes, présentation de Frank Lestringant.
[40] « Le roi D. Henrique, que Dieu le tienne en gloire, ému par les appels de ceux de cette capitainerie, et les torts que les Français pouvaient faire, eux et une multitude d’Indiens Potiguara, excités par tant de morts, et sollicité par un certain Frutuoso Barbosa, qui était allé à Pernambouc, après avoir rempli de bois ses bateaux à Paraíba, l’a chargé de la conquête et du peuplement de la Paraíba » p. 32. Désormais, sauf indication contraire, nous traduisons. 
Voir aussi Gabriel Soares de Sousa : « Il est fort nécessaire de fortifier cette rivière de Parahyba, d’abord pour arrêter la rapine des Français, ensuite pour peupler le pays, car la terre le permet, et l’on peut y construire des engenhos à sucre », Tratado descriptivo do Brasil em 1587, p. 18. 
[41] Le manuscrit a fait l’objet de deux éditions critiques en France. Suzanne Lussagnet en a publié quelques chapitres, savamment annotés, dans un recueil de textes intitulé Le Brésil et les Brésiliens par André Thevet ; celle de Jean-Claude Laborie et de Frank Lestringant contient l’intégralité du texte, à nouveau savamment annoté. 
[42] Nous préparons une édition critique, avec notamment les chapitres sur le Nordeste et leur traduction annotée en portugais (finaliste du Prix Odebrecht de la recherche historique « Clarival do Prado Valladares, en 2014-2015.
[43] F. Lestringant, André Thevet, cosmographe des derniers Valois, p. 38-39.
[44] Idem, p. 251-252.
[45] Cf. L’Abbé Anthiaume, Cartes marines, constructions navales, voyages de découvertes chez les Normands (1550-1650).
[46] Voir « O Rio Grande do Norte na Cartografia do século XVI », de J. M. B. Castelo Branco, in Boletim Geográfico, IBGE, année VIII, nov. 1950, nº 92, p. 956-968.
[47] On trouvera un résumé de cet imbroglio diplomatique chez Joaquim Veríssimo Serrão, Do Brasil filipino ao Brasil de 1640, p. 9-34. La thèse de l’auteur est néanmoins à prendre avec réserve, car il remet en question, sur la base d’arguments à notre avis inconsistants, ce qu’il appelle la « vente » du Brésil à la France. 
[48] Il s’agit de la « Déclaration de Caspar Paraoupaba, de Siara, âgé de 50 ans, d’Andreus Francisco, de Siara, âgé de 32 ans, de Pieter Poty, de la baie de Traição, d’Antony Guirewassauay, d’Antony Francisco et de Lauys Caspar, tous de la baie de Traição, un d’eux de la nation des Tiguars de la côte septentrionale du Brésil. Notée par le sieur Kilian de Resenlaer le 20 mars de l’an 1628 à Amsterdam ». Publié originellement au Brésil dans les Anais da Biblioteca NacionalRio de janeiro, vol. XXIX, 1907, p. 175-177. Reproduit en annexe, en français, dans l’História da Fortaleza da Barra do Rio Grande, d’Hélio Galvão, p. 283-285.
[49] Idem, p. 283.
[51] « João Lostao, residente na Capitania do Rio Grande, já velho, he da governança da capitania. […] Justificou ser da nação navarro posto que se tem por francês; vive naquela capitania depois que se conquistou; tem roças. Reside na praya onde pesca cõ hua rede não o obriguei recolherse ao sertão pera informação que me derão os padres da Companhia de sua muita fidelidade de já velho e dos da governança da Capitania », idem, p. 196.
[52] L’hypothèse a été soulevée par Hélio Galvão, op. cit., p. 201. Voir aussi Olavo de Medeiros Filho, « A Enseada de Tabatinga e o Porto de Pescaria de João Lostão Navarro », in Aconteceu na Capitania do Rio Grande, p. 49-52 ; et du même auteurÍndios do Açu e Seridó, p. 90-94.
[53] Le gouverneur hollandais de la Paraíba, entre 1636 à 1639, Elias Herckmans, écrit dans sa Descrição Geral da Capitania da Paraíba à propos des Tapuia : « Leurs terres [des Indiens] se trouvent à l’occident du Rio Grande et de Cunhaú. Ils n’ont pas d’endroits fixes ou de villages où habiter ; ils errent, tantôt d’attardant sur un site, tantôt dans un autre. À la saison du cajou, en novembre, décembre et janvier, ils viennent sur les plages, car il n’y a quasiment pas de cajou dans l’arrière-pays. Ils suivent ainsi le rythme des saisons de l’année, pour s’alimenter », p. 39. 
[54] H. Galvão, op. cit., p. 283.
[55] Cf. Olavo de Medeiros Filho, « Os holandeses e a abertura do canal de Tibau do Sul », in Os Holandeses na Capitania do Rio Grande, p. 93-95.
[56] Voir Luís da Câmara Cascudo, Nomes da Terra. História, geografia e toponímia do Rio Grande do Norterespectivement p. 219-221, 267, 162 et 185.
[57] La Cosmographie Universelle, fº 955 rº.
[58] Voir Eduardo de Almeida Navarro, Método moderno de tupi antigo, p. 606.
[59] Voir Sumário das Armadas, chap. 2, p. 31-32; Gabriel Soares de Sousa, Tratado descritivo do Brasil (1587), chap. XI, p. 15-16; Frei Vicente do Salvador, História do Brasil, chap. XXII, p. 222-25.
[60] HI, p. 651 (vº). Thevet ajoute que le corps de Nacolabsou a été porté au fort et sa tête à Séville.

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